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http://boutique.lesinrocks.com/superheros-hs-p263.htmSuper-héros HS
Date de parution : 20/07/2012
Edito
C’est l’affrontement le plus violent de toute l’industrie
spectaculaire américaine pour l’année 2012 : Spider-Man
contre Batman. D’un côté, avec The Amazing Spider-Man
de Marc Webb, le début d’un nouveau cycle (le désormais
fameux concept du reboot, seulement dix ans après le
premier des trois films de Sam Raimi) ; de l’autre, la fin d’une trilogie
(celle de Christopher Nolan) avec The Dark Knight Rises. De l’un,
une vision ultra-contemporaine du divertissement de masse
(3D, disparition de l’auteur, toute-puissance du numérique) ;
de l’autre, une vision crânement anachronique (2D, support pellicule)
déterminée par un fort surmoi artistique (celui de Nolan, auteur
complet et tout-puissant). Les enjeux financiers sont monstrueux :
la nouvelle trilogie Spider-Man doit dépasser les 2,5 milliards de
dollars de bénéfice ; le précédent Batman de Nolan, The Dark Knight,
a engrangé à lui seul 1 milliard de dollars et Warner espère faire
mieux avec The Dark Knight Rises. Ce duel au sommet entérine en
tout cas la domination absolue des super-héros dans la culture
mainstream du XXIe siècle naissant.
Ce surplomb du super-héros sur le trône de la culture populaire a sa
généalogie, qui court tout au long du siècle précédent, en
accompagne les grandes secousses géopolitiques, double l’Histoire
en marche d’une autre histoire, fantasmatique, parfois révisionniste,
parfois au contraire critique, et toujours organiquement liée à
l’imaginaire collectif de son temps. De la littérature pulp sur papier
journal aux fastes hollywoodiens, de l’anoblissement culturel avec les
graphic novels jusqu’aux prolongements ludiques de l’industrie du jeu
vidéo, nous avons tenté de dessiner les contours d’une mythologie
aux super-pouvoirs, dont le plus saillant est d’avoir su régulièrement
s’inventer de nouvelles formes et se reconfigurer
Jean-Marc Lalanne